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Comprendre les enchères de la 5G

Attendues par les uns, redoutées par les autres, les enchères pour la 5G agitent les esprits et les politiques. Repoussées en raison de la pandémie de coronavirus, les enchères 5G démarrent ce mardi 29 septembre 2020. Alors reprenons : Qui sont les acteurs de ces enchères ? Combien ces enchères vont-elles rapporter à l'État ? Quand la 5G arrive-t-elle ? Autant de questions qui méritent des éléments de réponses.

Qui sont les acteurs de ces enchères ?

Les opérateurs télécoms, l'État et l'Arcep. Dans ces enchères, l'État se positionne comme vendeur. Les quatre opérateurs télécoms (SFR, Bouygues Telecom, Orange et Free) sont les enchérisseurs. Et l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), en tant que gendarme des télécoms, veille à ce que tout se déroule selon les modalités décidées en amont.

Qu'y a-t-il en jeu dans ces enchères ?

Des fréquences. Ce mardi 29 septembre, l'État met aux enchères 11 blocs de fréquences de 10 MHz, tous situés entre 3,4 et 3,8 GHz. Ces blocs, aujourd’hui inutilisés, sont primordiaux pour déployer un réseau. Sans eux, un opérateur n'a rien à déployer. Posséder un maximum de fréquences permet d'avoir une bande passante plus élevée, mais également d'en allouer une partie à des usages bien spécifiques, qu'ils soient industriels ou commerciaux. Il est important de rappeler qu'avant le début de ce tour d'enchères, les quatre opérateurs détiennent chacun un bloc de 50 MHz.

Combien ces enchères vont rapporter à l'État ?

Un minimum de 2,170 milliards d'euros. Les quatre blocs de 50 MHz déjà alloués aux opérateurs ont été vendus pour 350 millions chacun. Les 11 blocs de 10 MHz sont, eux, soumis aux enchères pour un minimum de 70 millions d'euros chacun. Avant même le coup d'envoi des enchères, l'État a déjà l'assurance de récupérer 1,4 milliard pour les blocs de 50 MHz, et un minimum de 770 millions d'euros pour les 11 blocs de 10 MHz. Cela porte le total à 2,170 milliards d'euros au bas mot. 

Pour rappel, en 2011,  les premières enchères pour la 4G  avaient rapporté 3,5 milliards d'euros aux contribuables.

Comment fonctionnent ces enchères ?

Par tours. L’Arcep explique qu’un opérateur ne pourra pas acquérir plus de 100 MHz. C’est l’Arcep qui fixe le prix unique auquel tous les blocs sont proposés. En répons,e chaque opérateur indique le nombre de blocs de 10MHz  qu’il s’engage irrévocablement à acquérir à ce prix, sous la réserve d’attribution par l’Arcep. Si les demandes cumulées de blocs sont supérieures au nombre de blocs disponibles, l’Arcep réalise un nouveau tour d’enchère en augmentant le prix et les candidats ne peuvent que maintenir ou diminuer leur demande. L’enchère s’arrête quand le cumul des nombres de blocs demandés par les candidats devient inférieur ou égal au nombre de blocs disponibles. Les opérateurs encore en lice se voient ainsi attribuer le nombre de blocs demandé au prix « d’équilibre » atteint à la fin de l’enchère.

Pourquoi un débat si survolté autour de la 5G ?

La 5G divise, certains sont ravis et d'autres remettent en question l'intérêt de cette nouvelle technologie, en invoquant des risques sanitaire et environnementaux. Près de 70 élus de gauche et écologistes, parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou la maire de Marseille Michèle Rubirola, ont demandé mi-septembre dans une tribune un moratoire sur l'attribution des fréquences.

Cette nouvelle génération des télécoms pourrit aussi représenter un gouffre énergétique. Face à ces interrogations, les plus optimistes misent sur des antennes plus efficaces dans la transmission des données, et donc plus économes. Malgré les divergeances d'opinions, le gouvernement a souhaité maintenir son calendrier sans attendre un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) prévu en mars 2021, soulignant que la plupart des pays avancés avaient déjà attribué ces fréquences.

Quand la 5G va-t-elle arriver ?

Fin 2020 au plus tôt et sous conditions. Selon Stéphane Richard, PDG d'Orange, déployer les premières offres commerciales de 5G avec “une gamme de terminaux suffisante et un minimum de couverture du pays, c'est faisable avant la fin de l'année”. Cependant, pour avoir une couverture digne de ce nom, ainsi que les bénéfices réels de la 5G, il faudra attendre 2021. 

Malgré les enchères, les opérateurs ont commencé à déployer des antennes 5G. Depuis maintenant environ deux ans, ils expérimentent la nouvelle génération de télécoms à travers toute la France. Toutes les grandes villes sont concernées, que ce soit Marseille (Orange), Bordeaux (Bouygues), Toulouse (SFR) ou Paris (Free). Toutes les villes concernées par ces expérimentations sont réunies sur un document de l'Arcep, disponible ici.

Pour la  petite histoire

La première génération de téléphonie mobile permettait de passer des appels, la 2G d'y ajouter du texte, la 3G de commencer à envoyer des images et la 4G de développer l'internet mobile et les usages vidéo. A terme, la 5G doit accélérer les débits et connecter tout ce qui ne l'est pas actuellement (usines, transports...).

 

Sources : Les numériques